Gérer en interne : pour quelles raisons ?
« Pour plusieurs raisons. La première, c’est que nous voulions conserver une main sur la gestion de nos actifs ; c’est particulièrement important pour une société d’assurance-vie. Peut-être que si nous avions été sur une activité non-vie, la question se serait posée de façon différente. La deuxième raison était liée au fait que nous souhaitions garder des compétences spécifiques en matière de gestion des actifs au sein de notre personnel. En effet, pour une société de taille intermédiaire comme la nôtre, il est difficile de proposer des possibilités d’évolution de carrières et de faire des passerelles entre les différents métiers. La troisième raison, c’ est que nous avons la conviction que dans une solution interne, il y avait plus de réactivité que dans une solution déléguée. »
Pierre-Henri SACHE, Responsable comptabilité QDD, ACMN Vie
Quels sont les bénéfices d’une délégation de la comptabilité des placements ?
« 3 bénéfices majeurs à déléguer. Le 1er bénéfice consiste à déléguer la saisie et autres opérations manuelles. Ce sont des opérations très chronophages et sans véritable valeur ajoutée. Vous allez pouvoir vous concentrer sur l’analyse du résultat financier et sur les contrôles de second niveau. Un deuxième bénéfice important va être l’accès à une expertise mutualisée avec le prestataire et son réseau client. Enfin, vous allez pouvoir déléguer tous les traitements et travaux informatiques liés à l’outil : mise en montée de version, mise en œuvre des évolutions et recette avant livraison. »
Julien Fermaud, Consultant Expert en Comptabilité des placements Assurance, Seabird
Quels facteurs clés de succès pour un projet de délégation ?
« Le projet tel que nous l’avons mené chez SCOR consistait à repenser l’ensemble de la chaîne de valeur autour des investissements, que ce soit dans la sélection d’un nouvel outil de gestion du front-office ou bien dans des outils de reporting qui soient adaptés avec la mise en place d’un nouvel datawarehouse. Il s’avère donc que la comptabilité n’est qu’un des maillons de cette chaîne de valeurs que nous avons repensée.
A ce stade, je vois 3 facteurs clés de succès importants. Le premier est évidemment de choisir le prestataire de façon homogène entre l’ensemble des parties prenantes. Le deuxième est d’avoir une relation transparente avec le délégataire et l’éditeur de logiciel pour que les problématiques rencontrées soient complètement partagées et qu’on puisse définir un timing de résolution éclairé. Enfin, le troisième facteur clé de succès est d’avoir une maîtrise d’ouvrage forte du côté du délégataire pour convertir le besoin exprimé par le client afin qu’il soit compatible techniquement et fonctionnellement avec les contraintes du logiciel. »
Emmauel BINET, CEO Group Finance Investment, SCOR SE
Comment piloter la relation avec le partenaire ?
« Pour piloter efficacement une relation avec le délégataire, il faut respecter trois éléments clés. Tout d’abord, la contractualisation ; il est important d’avoir une contractualisation très claire et précise, sur laquelle ont été énoncées des obligations de résultat et non de moyens. Deuxièmement, il faut également une gouvernance qui soit extrêmement rigoureuse. Ce n’est pas uniquement une gouvernance en mode projet, qui intervient que lorsqu’il y a des évolutions réglementaires mais c’est une gouvernance au quotidien, une cométologie très rigoureuse pour un suivi des actions et des demandes d’évolution. Et dernier point, il faut qu’il y ait une relation en « symbiose » entre les équipes du délégataire et celles de l’assureur pour que tous les sujets soient traités au fil de l’eau et qu’il n’y ait pas d’effet tunnel où les difficultés apparaîtraient en bout de course. Il s’agit bien d’un travail à quatre mains entre le délégataire et l’assureur. »
Aurore LE CUNFF, Responsable contrôle de gestion et reporting financier, Natixis Assurances
Délégations des activités back office et comptabilité des placements, quels impacts organisationnels et RH ?
« Quand on parle d’externalisation ou d’internalisation de la gestion de la comptabilité des placements, le sujet réside principalement dans l’évolution des métiers, la technicité à appréhender par les collaborateurs et la montée en compétence nécessaire. Dans tous les cas, tout le monde doit évoluer sur des métiers de contrôle et de pilotage. A ce titre, il nous appartient de les accompagner, de les former, de revoir leurs profils de poste et leurs fonctions afin de répondre demain, aux nouvelles problématiques réglementaires (normes françaises, IFRS ou Solvabilité 2) et fiscales. L’enjeu est donc vraiment sur l’accompagnement de nos collaborateurs, la montée en compétence et la technicité. »
Benoit CUINGNET, Responsable département back-office titres, AG2R La Mondiale